DÉTOUR


Journée inacceptable. Avec autant de forces intérieures qui luttent pour que j'arrête de faire ce qui pourrait me conduire à l'extase — rien d'étonnant à ce que je finisse par me tourner vers des théories opposées. Sans grand succès d'ailleurs.

Inacceptable en ce que je sais très bien dans tout mon corps que la stabilité relative est mon seul espoir. Or il n'y avait aucune stabilité aujourd'hui. En dépit de tous les détours que je fais pour garder la maîtrise de mes neurones, aujourd'hui j'ai dix fois cru mourir. Peut-être pas physiquement. Peut-être pas maintenant, pas tout de suite. Mais assez organiquement, dans assez peu de temps pour que la panique veuille à nouveau me prendre. Or quand on sent à tout moment que la panique est prête à nous prendre, on a tendance à avoir des pensées stériles. Et des gestes qui n'aident pas toujours.

Aujourd'hui, je me suis retenu. De penser, mais surtout d'avoir de ces mauvais gestes. J'ai tout fait avec précaution, en prétendant être plus fragile que je n'arrive à croire l'être. Ce genre d'attitude risque de m'enfoncer encore plus loin, mais je ne voyais pas vraiment quoi faire d'autre. Je n'étais pas prêt à envisager de me sentir encore plus mal demain. On verra bien.

Est-ce que je suis assez loin de moi-même pour transcender la douleur et prétendre m'en nourrir — ou est-ce que je suis trop près pour arriver à l'utiliser ?

Assez pour m'endormir.


© 1998 Pierre Igot

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