SANS ÊTRE VU
Vase clos

Vase clos


Ce qui avait commencé sous la forme d’une petite expérience intéressante, on a oublié de l’ouvrir au monde — ou, plus précisément, de tenir compte de cette ouverture (indispensable) dans la conception même de l’expérience.

Tout se transforme. Les solides les plus purs finissent par pourrir en gaz. À partir du moment où on prétend donner forme à ce qu’on a imaginé, on s’expose à la décomposition naturelle (si lente soit-elle) de tout ce qui bouge (et tout bouge). Les idées ne sont pures que tant qu’on n’a pas songé à les exprimer — et cela ne prend généralement pas longtemps. Oui, je suis sûr qu’il existe bien des structures conçues précisément en vue de me montrer que j’ai tort. La vérité, c’est qu’il est impossible que j’aie tort — de même qu’il est impossible que cet affreux vase en plastique éminemment artificiel ne se décompose pas (avec son contenu) ou qu’il soit parfaitement, hermétiquement clos.

La perfection n’est pas de ce monde — elle est de celui que certains tentent de révéler pour nous. Mais ils ne prétendent pas que leurs méthodes soient parfaites. Ils ne présupposent pas la perfection qu’ils s’efforcent d’atteindre, ne serait-ce que fugitivement. Ils n’opèrent pas en « vase clos ». Ils mettent leurs efforts à l’épreuve de la vérité des preuves de leur force. Ils se mettent en nous et nous les accueillons comme il se doit, quand il se doit.

Ceci est à comparer aux systèmes humains qui s’échafaudent sans respect pour les marges, qui s’appuient sur des outils discutables et qui discutent de l’outillage. Un espace si près de sa limite n’a de spacieux que le temps qu’il faut pour le contourner. Un tel espace est un obstacle, et le premier cliché bien senti du ciel nous l’efface.

Je ne suis pas générique pour vous plaire, mais parce que c’est la seule façon d’être vrai. Notre existence est générique. Nos pensées sont génériques. Les vases sont des formes en devenir. Tel a peut-être fini par vous sembler « parfait », mais vous vouliez dire « beau » et, en réalité, vous ne vouliez rien dire. Parce que, si la beauté du vase existe, elle n’a pas besoin d’être dite, elle n’a pas besoin d’être révélée (en s’effaçant).

Je me tourne donc vers les flancs désencombrés du beau. J’y vois un mouvement, des anneaux. Les ramifications du mal se désagrègent. La douleur seule a encore sa place dans l’alignement des sphères. Je plonge dans l’ivresse à tête reposée l’axe qui me révolte et il devient pure symétrie. Le nerf de la tension verticale du combien devient où et quand. J’ai le choix des chairs et sourire quand je prends les tiennes se répand.

Se fait à l’ombre ce qui prend le ciel.

Ce défaut des repères confond tout autre. Vis au fond des liens.


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