Z - DAYS 77 & 78


Nouveau petit changement, peut-être pas significatif, mais dont il est possible qu'il soit dû au Z. Alors que, jusqu'à présent, j'avais plutôt tendance à être fatigué le soir et dormir assez profondément, maintenant j'ai l'impression de pencher de nouveau du côté de l'insomnie : même si mes paupières sont lourdes au moment où j'éteins la lumière, dès que je les ferme, mes pensées partent dans toutes les directions et je me sens « agité » dans l'esprit aussi bien que dans le corps. Même chose tôt le matin, où je me réveille bien avant la sonnerie du réveil-matin et où l'agitation intérieure me reprend immédiatement. D'ailleurs, cela se manifeste au cours de la journée aussi. Pendant la formation, hier, je me suis surpris plus d'une fois en train de faire des mouvements rapides et nerveux de haut en bas avec mon genou, sur la pointe du pied. Aujourd'hui encore, je me sens ainsi « nerveux » sans raison de l'être.

C'est quelque chose qui m'est familier, puisque j'ai toujours eu de petites « poussées » de nervosité incontrôlée comme ça, mais la maladie les met généralement en veilleuse, l'abattement qu'elle provoque étant bien plus puissant que ce qui, dans mon système nerveux, déclenche ces poussées. Leur retour est donc peut-être un bon signe. Je note d'ailleurs que, pour la première fois depuis longtemps ce matin, j'ai aussi poussé un petit cri d'exultation avec tout mon corps lorsque j'ai réussi à faire marcher une extension pour FileMaker Pro permettant d'envoyer des données par courrier électronique, après plusieurs journées d'essais infructueux. Cette exultation elle-même a été précédée de plusieurs exclamations d'exaspération quand cela ne marchait pas ou que la connexion devenait trop lente (on n'est pas gâtés par ici). L'exaspération, comme l'exultation, sont des émotions « normales » que je suis bien content de retrouver. Elles sont peut-être un peu artificielles si leur retour est lié à la prise de Z, mais, au point où j'en suis, je ne vais pas faire la fine bouche.

Il faut bien reconnaître que, si je ressens toujours d'assez grosses douleurs à divers endroits (et le Z semble en cela plus décevant que le P), cela fait un certain nombre de jours maintenant que je n'ai plus subi de grosse période d'abattement profond me rendant complètement démuni sur le plan psychologique. C'est la preuve incontestable que le Z marche — et qu'il va peut-être marcher aussi bien que le P a pu le faire par le passé.

Pour l'anxiété, les choses sont encore moins claires, en particulier à cause de la crise de la semaine dernière, mais l'amélioration globale est bien là, elle aussi. D'ailleurs, si je me souviens bien (et c'est un peu difficile de se souvenir), même après la prise de P pendant un certain temps en 1995 et 1996, j'avais encore des moments d'anxiété assez violents, la différence étant simplement que j'arrivais à les confronter et, au bout du compte, à les surmonter de façon plus autonome et plus efficace. Ce n'est qu'après une période bien plus longue que j'aurais vraiment pu dire que le risque d'une crise de panique était vraiment complètement écarté — et je ne crois même pas avoir pu aller jusque là, même en 1999, où cela allait pourtant plutôt bien (relativement).

Il fait un temps absolument pourri aujourd'hui — et ça ne m'affecte pas le moins du monde. Ça aussi, ça doit être un bon signe. Au plus fort de la dépression, je consultais le site météorologique pour la région plusieurs fois par jour, afin de savoir si ou quand il allait faire beau, parce que je pensais que, s'il faisait beau, c'était ça de moins à « supporter » quand j'étais en état de crise (et je l'étais souvent). En ce moment, je ne consulte même plus le site. Cela ne veut pas dire, évidemment, que je ne suis pas content quand il fait beau, mais je retrouve tout doucement mon attitude « normale » consistant à prendre le temps qu'il fait comme il se présente, sans vraiment trouver intéressant de savoir comment il va évoluer. Je ne suis, après tout, ni marin ni bûcheron et la météo du jour n'a absolument aucune incidence sur la grande majorité de mes occupations, professionnelles ou autres. Comme je suis aussi un être peu patient (quoique ça s'améliore, avec l'âge), j'ai aussi du mal à établir le contact avec les individus que je croise à l'occasion (à la piscine, dans le voisinage) quand ils croient bon m'aborder avec un tonitruant « Fait beau ! » Les pires, ce sont évidemment ceux qui vous abordent avec une telle exclamation alors qu'il fait un temps plutôt merdique. J'avoue que ça me déroute un peu. Je ne peux quand même pas répondre « Ouais ! » alors qu'il fait gris, humide et que la température n'est même pas particulièrement douce. Je grommelle alors généralement un « Mouais… » à peine audible qui met fin aussitôt à la conversation. Si je suis de bonne humeur, je prends des risques et je me lance dans un « Euh, pas vraiment, je trouve… » qui va m'obliger — ou plutôt obliger mon pauvre interlocuteur — à entamer une conversation sur ce qui constitue nos définitions respectives du « beau » météorologique, dans laquelle j'aurai évidemment toujours une longueur d'avance parce que je le comprends généralement très bien malgré son patois et son accent, alors que je sais pertinemment que mon français standard et mon accent « d'ailleurs » ne manqueront pas de le mettre dans l'embarras le plus profond. On s'amuse comme on peut.

Z - Days 73 to 76 Z - Days 79 to 83

© 2000 Pierre Igot

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