Z - DAYS 47 TO 49


Trois jours acceptables, je suppose. Trois fois trente longueurs à la piscine. Trois réveils à l'anxiété proportionnelle à la proximité des événements « problématiques ». Trois matinées contrôlées par le calmant. Trois après-midi d'abord contrôlées par l'effet bénéfique (calmant, pour tout dire) de la piscine et du premier repas consistant de la journée, puis récupérées progressivement par le mal, alors que l'estomac se vide et que la fatigue du travail commence à se faire sentir. C'est le moment que je choisis pour écrire ceci et ce n'est donc pas nécessairement le meilleur moment. Trois soirées traversées d'appréhension vis-à-vis du système digestif, du dos, de la capacité de s'endormir. Trois nuits sans gros incident, même si on ne se réveille pas vraiment avec le sentiment d'être reposé. La routine des derniers tours de la périphérie du cercle vicieux, on l'espère.

Cela fait plus d'une semaine maintenant que j'émets les pets les plus pestilentiels que j'aie jamais émis. Du genre oeufs plus que pourris. C'est absolument dégoûtant et je ne sais pas du tout quoi faire. Hier, il a fallu que je me retienne pendant une heure chez la coiffeuse (alors que, d'habitude, je me permets d'en laisser sortir un ou deux silencieusement), parce que je savais pertinemment que, au moindre relâchement, c'était tout son salon qui allait embaumer. J'ai toujours eu des problèmes « atmosphériques » de cet ordre, surtout d'ailleurs depuis 1995 et le début du dérèglement complet de mon système, mais généralement c'est dans le registre sonore plus que dans le registre olfactif que ça se manifeste.

Je suppose que c'est lié à l'épisode de la diarrhée monumentale de l'autre jour. En quoi ? Je ne sais pas trop. Peut-être toujours les effets du Barleygreen, dont Dr D. m'a confirmé aujourd'hui qu'il pouvait avoir des effets assez significatifs dans ce domaine. Il faut espérer que cela va passer, quand même. (Pour le reste, la visite chez Dr D. n'a, comme on s'y attendait, pas abouti à grand-chose. Elle n'a fait que me donner de nouvelles ordonnances. Elle sert au moins à ça, je suppose.)

Ceci étant dit, cela fait maintenant quand même une petite semaine que je n'ai pas subi de « crise » majeure. Oh, j'ai eu mal, bien mal même à certains moments, mais pas à un niveau affectant vraiment l'esprit et sa capacité de passer outre. Du moins, je ne crois pas. Je veux y voir un bon signe, puisque c'est quand même la deuxième période de plusieurs journées en l'espace de trois semaines. Je suppose que le Z a de l'effet. Dr D. veut d'ailleurs que je passe à 200 mg au lieu des 150 mg, et je n'y vois pas vraiment d'inconvénient. On parlera de diminuer la dose quand on aura eu une longue période de stabilité satisfaisante. Chaque chose en son temps. Pour le moment, c'est la rentrée.

Rendez-vous avec J.W. demain, donc, comme prévu. Je suppose que je vais avoir une première idée de ce qu'on risque de parvenir à accomplir ensemble.

Je recommence à prendre quelques « risques » sur le plan alimentaire et, pour le moment, ça semble passer. Une tarte aux poires et aux amandes, par exemple. Un peu riche, mais pas traumatisant, apparemment. Globalement, je recommence à avoir faim et à ne plus avoir peur de me remplir l'estomac. Je vais peut-être arriver à prendre un peu de poids. Ça me rassurerait, parce que, quand ça ne va pas, quand j'ai une crise, j'ai tout de suite froid, tout de suite l'impression d'être chétif, fragile, sans protection. Ça me rappelle cet épisode cauchemardesque lors de mes « trois jours » à la caserne de N*** en 1991 avant le départ en coopération, où je n'avais pas mangé la nourriture infecte qu'ils nous proposaient et où il avait fallu faire la queue pendant une heure dehors sous la neige et dans le vent glacial. J'étais assez maigre à cette époque et je me souviendrai toujours de la faiblesse et de l'impuissance que j'ai ressenties là dehors, sous mon pull et mon gros manteau d'hiver, dans cette queue de gens indifférents. J'ai tellement grelotté que ça m'a donné un violent mal de ventre. On a fini par rentrer dans cette salle où il fallait passer ces tests « psychotechniques » à la noix, mais j'ai eu mal pendant le reste du séjour.

Depuis cet épisode, dès l'arrivée des premiers signes de l'hiver, je me méfie, j'ai comme un instinct me poussant à essayer d'engraisser un peu pour me « protéger » — quitte à avoir trop chaud, bien sûr, avec la grosse chaleur de notre poêle à bois brûlant à plein régime. Je n'ai que trop rarement ni chaud ni froid. Il y a presque toujours au moins une partie de mon corps qui voudrait avoir soit plus chaud soit plus froid. J'ai essayé toutes sortes de combinaisons de vêtements. Je n'ai jamais trouvé de solution. Je n'aime pas les courants d'air, mais j'aime le vent quand il est clair. J'aime que le soleil me brûle mais je n'aime pas que mon dos colle à la chaise. Je n'aime pas avoir les aisselles qui transpirent et le front moite dès que je me mets à parler au téléphone. Je n'aime pas être une centrale énergétique et je n'ai malheureusement pas le choix. Encore un domaine où j'ai le sentiment de n'avoir pas été correctement « programmé ».

Au moins le petit casse-croûte d'il y a une demi-heure, quand j'ai commencé à taper, a fait un peu passer le mal de dos. Il y a peut-être certaines choses que je peux essayer de maîtriser un peu (si l'on exclut l'odeur de mes pets).

Notre ami R. vient passer la soirée et la nuit ici (sa maison est déjà louée) avant de partir en année sabbatique. On va essayer de « fêter » un peu. Je vais de nouveau prendre quelques « risques » sur le plan alimentaire (chocolat cette fois). On va bien voir.

Z - Days 45 & 46 Z - Days 50 & 51

© 2000 Pierre Igot

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