Z - DAYS 33 & 34


Se pourrait-il que... ?

Cela fait maintenant plus de vingt-quatre heures que je me sens raisonnablement bien. Cela a très exactement commencé hier à midi et demi, au sortir de la piscine. La matinée avait encore été maussade, comme les précédentes, avec des douleurs prononcées au réveil, accompagnées de bouffées d'angoisse et le calmant n'avait pu que s'efforcer d'atténuer autant que possible ces symptômes. Je suis arrivé à la piscine avec un peu d'avance, de sorte que je me suis retrouvé à devoir attendre debout, en maillot de bain, adossé à la rambarde des gradins, avec quelques autres adultes, que les marmots veuillent bien sortir de leur pataugeoire et remballer leurs joujoux en plastique. J'avais à ce moment-là encore bien mal au dos et me demandais quel effet la natation allait avoir. Pas l'immersion en elle-même, qui est toujours une source de soulagement immédiat, mais l'effort physique prolongé, nécessaire et pourtant toujours inquiétant. La dernière fois que j'étais allé à la piscine (vendredi dernier), l'effort physique avait, semble-t-il, entraîné un mal au bas du dos assez sévère en fin d'après-midi.

L'eau était plutôt fraîche. Je ne sais pas si c'est bon ou mauvais dans ma condition. Ce n'est pas insupportable, en tout cas, et, au bout de deux longueurs, on s'est adapté. Comme prévu, je me suis tout de suite senti bien. J'ai nagé. Je comptais faire trente longueurs comme vendredi, moitié en brasse, moitié en nage libre, et je crois que j'ai fini par en faire un peu plus et à me rapprocher dangereusement des quarante que j'avais l'habitude de faire quand j'étais en forme, il y a quatre ans. Je les faisais d'un trait, évidemment, alors que, pour le moment, je fais encore une pause d'une minute ou deux toutes les six longueurs, pendant laquelle je fais la planche, histoire de me concentrer encore davantage sur la détente du dos. Mais on se rapproche. Pas de douleur ni de fatigue particulière, sauf quelques petites pointes importunes sur le côté gauche, au bas des côtes, dans la région « suspecte » habituelle, celle où je traîne diverses formes de douleurs toujours inexpliquées depuis 1995.

Je sors de l'eau et je me sens moins « lourd » que d'habitude. Je vais prendre ma douche et j'en ressors encore plus ravigoté. Je me rhabille et trouve que j'ai plutôt pas mal d'énergie. Je rentre et j'ai faim. Je mange bien. Tout passe bien. Je suis étonné par le peu de mal dont je souffre. Je n'ai plus l'habitude. J'ai bien eu quelques moments de répit comme celui-ci au cours des dernières semaines, mais ils n'ont duré que quelques heures tout au plus, avant qu'une nouvelle « vague » de douleur et d'anxiété m'envahisse.

Mais celui-ci dure, jusqu'au soir. Pourtant, il faut lourd, orageux, le temps n'a rien de particulièrement apaisant. On mange et on a très chaud en mangeant. Mais c'est une chaleur « normale », pas maladive. Et je mange bien, de nouveau, avec pas mal d'appétit, sans crainte de faire mal à mon système digestif sans savoir pourquoi. Contrairement à la veille, où j'avais fini la soirée avec un mal de dos énorme qui heureusement ne m'avait pas empêché de dormir et qui s'était apaisé pendant la nuit, cette fois la soirée se termine paisiblement aussi.

Et je dors bien. Je me réveille un peu tôt (six heures et quart) et j'ai bien entendu quand même mal au dos, mais — nouvelle surprise — pour la première fois depuis longtemps je ne ressens aucune anxiété en me réveillant. Alors même que C. est encore endormie et que j'ai toute liberté de penser à ce que je veux et, par conséquent, aux pires choses.

La matinée se passe de nouveau tranquillement. J'ai de nouveau le loisir de jurer après PageMaker et ses bogues idiotes dans la gestion des feuilles de styles. C'est toujours un bon signe quand j'ai l'énergie d'engueuler des logiciels.

Le repas de midi est agréable. On le prend sur la terrasse, avec le charpentier, même s'il ne fait pas très beau. Je ne lui ai pas dit que j'avais commencé à prendre son « Barleygreen ». Je préfère garder ça pour moi. Mais ça fait cinq jours maintenant et ça ne semble pas irriter mon système. Qui sait ? Cela me fait même peut-être du bien.

Mais surtout il est fort possible que le Z se mette enfin à marcher. J'ai le sentiment que c'est à la fois parce que cinq semaines se sont écoulées depuis le début du traitement et parce que, depuis que je ne vais plus voir Dr A., je ressens moins de stress, je suis plus tranquille, je donne plus d'occasions à mon corps de « profiter » de la présence de ce médicament et d'essayer d'en faire quelque chose. C'est en tout cas comme ça que je le perçois.

Reste à voir maintenant si ça va durer. Deux journées, c'est déjà bien. Mais il faut confirmer, sur la durée. Déjà, cet après-midi, C. est sortie pendant plusieurs heures et je me suis retrouvé seul (le charpentier étant parti plus tôt que d'habitude) sans que cela me donne le moindre soupçon d'anxiété. Le fait que je ne souffre pas de mal prononcé à quelque endroit que ce soit aide évidemment, mais c'est quand même aussi peut-être un bon signe indépendamment de cela. Il faut que ce soit un bon signe. Le Z est ma seule planche de salut à l'heure qu'il est. Si ça marche, on en sera quittes pour un bon « ouf ! » de soulagement après huit mois d'enfer. Ce serait bien.

Z - Days 30 to 32 Z - Days 35 & 36

© 2000 Pierre Igot

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