Z - DAYS 18 & 19


Il faut revenir sur la fin du samedi (Day 17), parce que j'ai de nouveau été victime d'une petite « crise », mais aussi parce que, justement, le caractère « petit » de cette crise n'est pas forcément dénué de signification.

C'est venu en toute fin de soirée, vers neuf heures et demi, alors que je vérifiais mon courrier électronique pour la dernière fois. Je découvre un message enthousiaste de P. au sujet de mon article et — paf. Quelque chose coince dans la poitrine. Je ne sais pas d'où ça sort. Peut-être que la rédaction de l'article puis l'attente de la réaction ont suscité, sans que je m'en aperçoive, une certaine quantité de stress, je ne sais pas. C'est un peu idiot, surtout que la réponse est si positive et devrait donc soulager ce stress, si stress il y a. Quoi qu'il en soit, ça me prend dans la poitrine et j'enrage un peu de voir les choses se gâcher en toute fin de journée.

Mais je me dis aussi que c'est peut-être la façon dont ce fameux reflux gastro-oesophagien se manifeste chez moi et j'essaye donc, tant qu'à faire, le médicament recommandé par le gastro-entérologue et, selon lui, relativement inoffensif. C. a des doutes, vu que j'ai l'estomac pratiquement vide pour cause de jeûne, mais je lui rappelle que la radio avait montré du reflux alors même que j'avais l'estomac complètement vide à part le liquide radioactif qui avait justement révélé le reflux.

Drôle de truc, ce médicament. Grosses pilules qui se brisent facilement sous la dent et qui se transforme dès le premier contact avec un liquide (la salive, en l'occurrence) en une espèce de pâte qui fait des bulles et qu'il faut donc s'empresser d'avaler. C'est expliqué sur l'emballage. Cette pâte vient se mettre au sommet du contenu de l'estomac et fait que, s'il y a reflux, c'est la pâte inoffensive qui remonte au lieu du contenu acide qui fait mal. Elle se colle aussi à l'oesophage et le protège ainsi.

Pourquoi pas. Je prends et je me couche. Je m'endors sans trop de difficulté et je me réveille dans un état à peu près semblable à celui de la veille. Cela ne prouve pas que le médicament a marché, mais ça ne prouve pas non plus qu'il est inefficace. Il faudra sans doute réessayer.

Je me sens évidemment plus faible ce dimanche, où je dois m'abstenir encore plus de manger. Mais ça va, en gros. Je travaille même, sur diverses choses pas urgentes, mais tant qu'à faire...

La fin de la journée est évidemment moins drôle, avec la prise successive des deux sortes de laxatifs. Moi qui croyais avoir un système lent, je commence à évacuer le laxatif liquide une heure à peine après l'avoir avalé ! Les pilules, quant à elles, donnent surtout des crampes.

Tout cela dure en gros toute la nuit. Je me lève à peu près toutes les heures pour aller évacuer de la merde liquide et je ne dors pratiquement pas. En d'autres temps, j'aurais trouvé ça épique. Avec ce que j'ai connu en 1995, je prends ça relativement sereinement, même si c'est évidemment loin d'être agréable.

L'examen radiographique lui-même se passe sans encombres et je peux enfin manger à nouveau quelque chose de solide à onze heures ce matin, au sortir de l'hôpital. On en profite pour confirmer l'achat de la chaise de bureau au magasin et on rentre.

Je suis évidemment épouvantablement fatigué et ça se ressent dans tout le corps, y compris dans l'appareil digestif, mais ce n'est pas source d'angoisse. Je travaille quand même, tant bien que mal. Je chie déjà une bonne quantité de baryum en fin d'après-midi, ce qui indique sans doute que tout va rentrer dans l'ordre assez vite. Mon article est déjà sur le Web et les premières réactions apparaissent. Je ne sais pas exactement qui va le lire, je ne sais pas à qui les lecteurs vont l'attribuer, mais peu importe. La terre tourne.

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© 2000 Pierre Igot

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