Z - DAYS 2 & 3


Bon. Si je compare à ce que j'ai écrit au début de la prise de C, il y plus de cinquante jours, cela se passe mieux, beaucoup mieux. Comme dit, il y a eu cette petite phase d'« euphorie » après l'arrêt du C et avant la prise de Z. Mais le plus important, c'est qu'il y a depuis une véritable stabilité, un état général qui est depuis jeudi (dernier jour de la prise de C, à 20 mg) tout à fait acceptable. Rien de « grave » n'est venu m'attaquer depuis mon dernier rendez-vous avec Dr A. J'ai bien eu de petites inquiétudes passagères à certains moments, comme quand j'ai tout d'un coup commencé à avoir de drôles de frissons dans la nuque vendredi soir, quand j'ai soudain ressenti quelque faiblesse dans les membres inférieurs hier matin, quand je me suis soudain senti un peu mal dans l'extrême chaleur de la voiture à une heure de l'après-midi, en plein soleil, pour aller chercher le journal, ou quand j'ai ressenti comme un petit « effondrement » à l'intérieur dans mon côté gauche en plein milieu de l'après-midi. Mais je me rends bien compte qu'on frise l'hypocondrie, là, que ces choses sont sans aucun doute dépourvues de la moindre signification — et d'ailleurs elles n'ont pas véritablement réussi à susciter la moindre véritable anxiété, la moindre « rechute » psychologique. Je me souviens assez bien, d'ailleurs, des mois, des années même qui ont suivi le début de la première prise de P, en 1995. Il y avait toujours de tels moments. De petits symptômes passagers ici et là, à des endroits et à des moments inattendus. Ça suscitait parfois une bouffée d'anxiété plus ou moins forte, et puis je n'avais pas besoin de me raisonner beaucoup pour que ça passe, pour que l'anxiété passe et que le symptôme lui-même en fasse bien vite de même. Je crois aussi me souvenir d'avoir assez vite retrouvé la même situation en 1997, après que j'avais tenté d'arrêter le P pendant quelques semaines et que cela avait abouti à une grosse crise. J'avais recommencé le P et je me souviens d'avoir remarqué tout de suite, dès la reprise, avant même la fin du délai de quelques semaines qu'on est censé accepter avant que ce type de pilule ait de l'effet, un retour à cet état « gérable ».

Si on est déjà revenu à une telle situation, c'est pour moi un signe assez clair que le Z va marcher, que le Z marche déjà. Dr A. ne me croira peut-être pas, il me dira peut-être que ce sont des choses dans ma tête qui font que je crois que le Z marche déjà, que, scientifiquement, il faut plusieurs semaines avant de savoir — mais moi, je me fonde sur mon expérience du P, du C et du Z. Je me souviens très bien d'ailleurs du regard incrédule de Dr D., mon médecin de famille, quand je lui avais mentionné, en 1997, cet effet immédiat d'apaisement de l'anxiété dès la reprise du traitement au P. En fait, ce n'est pas tellement de l'incrédulité chez elle, c'est plutôt comme un « vide mental », dès qu'on sort de son domaine, de ce qu'elle sait, des réponses toutes faites qu'elle a mémorisées à l'université, on se heurte à ce mur de vide, tout ce qu'elle trouve à dire, c'est quelque chose du genre : « Mmmm. »

Ceci dit, je m'en fous pas mal de ce que Dr D. ou Dr A. peut penser de l'efficacité du P ou du Z. Comme le dit Dr A., on ne sait pas grand-chose du fonctionnement de ces pilules, toutes ces histoires de « déséquilibre chimique », c'est de la théorie, des hypothèses, on n'a pu observer scientifiquement les choses que sur des rats de laboratoire, il n'y a pas vraiment beaucoup de cobayes humains volontaires pour se faire prélever à intervalles réguliers de la matière grise histoire de voir ce qui s'y passe. Et encore les rats, évidemment, c'est sans doute pas évident de dire s'ils sont déprimés ou non, avec ou sans chimie dans la cervelle. En d'autres termes, c'est moi qui suis le mieux placé pour observer l'effet que le Z a sur moi, ils ne peuvent que me répéter ce que les études semblent avoir montré, je ne suis pas un sujet d'étude, je suis un cas particulier, et il se peut fort bien que les choses marchent différemment dans mon cas.

En tout cas, le Z ne semble pas me constiper comme le P, pas pour le moment, ce qui est une bonne nouvelle non seulement pour ce qui est de mon confort quotidien, mais aussi dans la perspective du lavement baryté de la fin du mois pour lequel il va falloir que je me vide. Car moi, quand je suis rempli, pour me vider, c'est pas évident. Les laxatifs ordinaires ne sont pas exactement à la hauteur. Vous ne rencontrez pas tous les jours des sujets qui boivent une bouteille de citrate de magnésium le jeudi après-midi et chez qui cela n'a aucun effet, pas la moindre petite crotte, ni dans les heures qui suivent, ni même vingt-quatre heures après — qui boivent alors quatre litres de Colyte le vendredi en fin d'après-midi et qui dorment toute la nuit sans interruption avec ces quatre litres dans le système avant que la merde commence enfin à sortir par le bon bout le lendemain matin. Authentique. Bien plus remarquable que la petite aventure de cette poule mouillée sur Salon.com. J'en ai des brunes et des pas grosses à raconter, moi, si seulement on me demandait. GoLytely my ass.

Je ne veux surtout pas donner de mauvaise impression. Cela vient de faire trois journées sans grand mal, sans gros symptômes, sans crise. Hier, samedi, j'ai même été très productif, fait toutes sortes de choses, dans la maison, à l'ordinateur, dans mon cahier, dans le jardin. Pour quelqu'un qui souffre normalement d'un mal de dos assez terrible, faire du désherbage intensif pendant une heure, accroupi, à genoux, penché, ça ne semble pas être l'activité la plus recommandée. Et pourtant. Je n'ai pas eu plus mal au dos, mal aux jambes que je n'aurais eu mal au dos en faisant la même activité il y a dix ans. Et quand le ciel s'est dégagé à nouveau en fin d'après-midi, quand, après avoir pris ma douche, j'ai fait un steak au barbecue avec une salade verte et des échalotes fraîches du jardin et que nous avons savouré tout cela tranquillement sur la terrasse au soleil couchant, dans le calme profond d'une fin de journée sans vent, sans moustiques, sans même de bruit de circulation ou de tronçonneuse dans le lointain... non seulement nous avons longuement, lentement savouré notre chance, mais j'ai aussi senti combien j'étais près de pouvoir tout simplement jouir de ce cadre presque idéal, qu'il manquait très peu de chose, qu'il y avait juste un ou deux calmants en trop peut-être encore dans mon système et l'absence d'une bonne bouteille de vin rouge sur la table. C'était vraiment pas loin.

Ceci dit, je n'ai pas marché depuis lundi, je n'ai pas encore repris tout à fait le cours « normal » de mes activités, il y a encore du chemin à faire, des choses un peu « dangereuses » (au vu des dernières expériences) à essayer, ne nous leurrons pas — mais bon dieu trois jours et peut-être quatre, avec le Z d'abord à 50 mg puis à 100 mg par jour maintenant, si ça continue comme ça, sans incident majeur, ÇA SE FÊTE.

Au jus d'orange.

Z - Day 1 Z - Days 4 & 5

© 2000 Pierre Igot

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