TOUT SEUL
(Un conduit)


Un titre
Une histoire
Une morale
Mais déjà des faux-pas
La peur des pires prétentions
L'emphase à retenir
Et le sens à tuer

Tout seul
On arrive au loin
Qui est déjà
Parti plus loin
Pour qu'on y arrive
Tout seul
Et sans intention perverse

Mais sans intention perverse je ne suis rien
Je ne sais plus avoir des prétentions saines
Je ne sais plus offrir la possibilité seule de mon être
Attendre avec elle mon existence et faire corps

Tout seul
Je troue le vent
J'enfonce la poussière et j'attends
Derrière que tu pètes

Je suce ta capacité de merde
À l'odeur de mon annulaire
Je détache mes mains sales
Du trop-plein de tes fesses cuites
De peur d'avoir l'angle d'en sortir
Des plaintes et des feux solaires

Tout seul au pair
Je sue quand j'éclate
Et quand j'éclate de sueur, écarlate
C'est le nerf
De ma raison plate
Qui m'éclaire
Au moment crucial de changer de rate
Pour te plaire

Et ce jeu pervers sans mes cartes
Ce chemin de boue qui me disperse
Défie mon intention quand je suis propre
De contourner la crasse que j'y verse
Pour atteindre son bout magique de sucre
Sacrifié aux chaleurs vertes

Dans des coins perdus de l'épaisseur du parcours induit

Alors tout seul
Quand j'arrive au moins déjà sur le train
Dans un coin tranquille où l'extase est nue
Et qu'on se verse un peu de transe
En attendant que nos bouts d'existence
S'accomplissent

Je ne me plains pas
Et elle rit alors même qu'elle en pleure


© 1998 Pierre Igot

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