Une gigantesque usine
À ramoner des étiquettes
Un peu tordue
Mais bonne à fuir
Le genre à crever la notion d'étage
Que j'ai grimpé, que j'ai gravi
Oh oui, que j'ai peur à l'envi
De ne plus jamais rencontrer de marche
Mais ce n'est pas par manque d'âge
Au rythme où mes cocons nerveux s'épuisent
J'aurai le siècle avant les fêtes
Et le millénaire à la torche
C'est avant le temps que j'écrase
Dès l'abord on changeait de phase
On se figeait sur des entorses
Et des cris décalés d'extase
Alors il a fallu que j'entre
« Vous avez bien le droit », disait-on à l'arrière
Tout en remontant à l'envers
Les plus simples des carrés plats
Mais j'ai trop besoin d'un devoir
À l'excès répondait l'emphase
Au fossé comblé des purins très bleus
À ce rythme un jour de ciel creux
Allait défoncer tout l'espace
C'était sans compter sur la pause
Semi-évoluée aux portes :
Au moment d'occulter l'enfer
Et de contempler des oracles
J'ai senti le premier visage
Effleuré danser sur la scène
Les horizons échanger des nuages
Pendant qu'il pleuvait sur les plaines
On m'a désagrégé les veines
Et trouvé deux ou trois réponses
Impossibles pour tant de peine
À déplier sans que mon cul s'enfonce
J'ai failli remballer le tronc
Et l'ordure qui le reprend
Quand il se voit remuer les affronts
Qu'on lui fait parce qu'il est grand
Mais tout fait qu'on en compte moins
À chaque instant qui se dépasse
Et donc assez pour qu'un témoin
Les confonde avec un sur place
J'ai fini de parler d'étapes
J'ai comme usé ce qui les cause
Enfilé ce qui les emporte
Un jour qu'on hésite à jeter au feu
Le matin sans date est parfait
Le midi déjà moins pervers
Mais c'est surtout le soir en l'air
Qu'il faudrait passer à décrire en phrase
Comment le jaune a retrouvé son blanc
Comment l'aiguille a repris par le flanc
Comment l'infect et le mûr tout ensemble
Ont décidé que j'allais prendre
Le mur vide et la bouche en coin
Je voudrais savoir
Qui résiste au corps et combien
Moi plus que ce soir
C'est toujours quand j'en ai besoin
À jamais pour croire
Aucune purge aiguë ou noire
Ne défait le lien
© 1998 Pierre Igot