PROCÈS


Esprit

Je ne sais pas par quel miracle je pourrais avoir l'impression d'être pur
Alors n'essayez pas de m'attribuer la moindre intégrale
Ou le moindre feu continu

Il n'y a pas de surface
Qui jouisse que je la recouvre
Ni d'espace
Heureux que je l'ouvre

Et ce qu'il y a dedans n'a rien qui vaille
La peine d'en défaire le peu de grâce

On dirait que mes sentiments sont trop courts ou trop denses
Trop lourds ou trop lents
Qu'on n'aurait qu'une ou deux raisons de fuir
La mince chaleur retournée d'un pli

Quand c'est dix fois froissée au moins que la chair s'accomplit

Si c'est l'amour qui ne vous retient pas, versez
De la main votre envie d'en finir
Et voyez donc si c'est vraiment le vide après qui vous attire au loin
Mais ne m'accusez pas de vos réserves d'ombre

Je n'ai jamais su m'insuffler la fièvre
Au moyen du corps
Et l'entendre est un moindre mal
Quand on a dû couper le nerf qui la rendait certaine

Jésus diffère des mutilations nécessaires de son flanc
Autant que je diffère de la rougeur saturée de mes gestes

Et si je fais parfois compter le reste
Ce n'est jamais que pour mieux l'éliminer
Si c'est assez traître
Pour tuer deux ou trois maux par la bande


© 1998 Pierre Igot

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