CHEMIN CREUX


La bouche offerte ne veut que vomir
L'étrange sensation ne demande qu'à subir
Les assauts répétés de son impossibilité
Le murmure affreux de son manque de validité.

Et pourtant il passe — et dans les cheveux courts
Dans le schéma traduit de son étroit parcours
C'est le trait de sa présence gratuite
Qui le fait geindre.

À force d'osciller sa tête se prendra
Dans les gorges de son volume creux
Il gémira dans le rebours
Percera là où le jus casse.

Dans le présent induit c'est pourtant sa force à elle qui le prend
Sa force humaine et muette qui le fait sortir de son bois
Sa souplesse maxillaire et son dos vénal
Qui se prêtent à toutes les tortures.

Je voudrais du ventre et je n'ai
Que de la viande creuse
Que des lèvres plates qui fondent à l'ouvrage
Que du plaisir bleu.

Chemin creux

Je voudrais des larmes et du ciel à boire
Des joues, des fesses et des yeux
Purs et merdeux
Pour que la CHOSE écrite perde enfin son sens.

La bouche offerte n'a jamais qu'une langue
Rose
Souple et liseuse
Qu'un coin véritable où le chant s'espace.

LA BOUCHE AVALE ET MON CORPS SALE SE DIVISE
DANS SES JOINTS NERVEUX OÙ LA DOULEUR CASSE
MON CORPS SALE EXPLOSE ET LA BOUCHE AVALE
MON CORPS JOINT D'AIR BLEU ET SA DOULEUR PROPRE.

Le ventre a ses raisons que la raison dévore
Le ventre a faim mais ne prend pas
Les poses habituelles que la raison dehors
Offre au plus spirituel de leurs tas.


© 1998 Pierre Igot

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