C - DAYS 40 & 41


La trente-neuvième journée ne s'était pas très bien terminée. Je m'étais couché avec un mal de dos assez prononcé, au milieu, tenaillant, du type qui semble annoncer une crise pour le lendemain (alors que je commençais tout juste à me remettre de la dernière). Je n'avais pas aimé cela du tout, surtout que l'enchaînement avait été assez systématique les derniers temps. Je m'étais donc endormi inquiet.

Je me suis réveillé beaucoup moins anxieux, prêt pour le départ pour H***, en fait, avec un mal de dos assez discret et aucun signe vraiment inquiétant. Comme quoi, la loi qui veut que les crises « passent » (jamais complètement, mais quand même suffisamment) en deux jours s'est confirmée, après tout. C'est même encourageant dans la mesure où cela semble signifier que le mal de dos de ce type au coucher n'est pas (n'est plus) un signe certain que les choses vont aller mal le lendemain. Parce qu'elles ne sont pas allées mal du tout. Malgré la lourde chaleur en ville. Pas pu m'empêcher d'être en nage dès que j'ai commencé à parler au gastro-entérologue. Comme dit, déjà rencontré en 1997, je ne sais pas s'il se souvenait de moi spécifiquement (j'en doute fort), mais il avait relu mon dossier, de toute évidence, et m'a patiemment écouté et interrogé pendant près d'une heure. (Parlait d'une voix si douce que le bruit du trafic dehors venant de la fenêtre m'empêchait parfois de comprendre. Je devrais essayer la même chose, au lieu de toujours essayer d'avoir la grande gueule que je n'ai pas.) Il m'a aussi à nouveau examiné, ce qui est psychologiquement important pour moi (rien de tel qu'un médecin qui vous lance un diagnostic sans même vous avoir touché). J'ai dû m'excuser de la sueur, mais il a pris ça très bien. Doit avoir l'habitude. Doit avoir à examiner des corps plus répugnants que le mien, quand même. Et puis sa spécialité c'est quand même d'explorer à la loupe les intestins des gens. Pas exactement une Sainte-Nitouche.

Verdict globalement encourageant, dans la mesure où, tout en doutant fort que je souffre de quoi que ce soit de grave, il a quand même proposé une nouvelle série d'analyses radiographiques toutes plus réjouissantes les unes que les autres (allons voir si le Baryum Millésime 2000 est à la hauteur de ses prédécesseurs), juste pour vérifier. Et puis il a quand même affirmé bien clairement que, pour lui, contrairement aux apparences, les problèmes de ventre et les problèmes de dos semblent être deux choses séparées, qu'il n'y a pas de lien. Il n'a jamais vu de patient souffrant de colopathie fonctionnelle comme moi avoir de tels problèmes de dos en même temps. Il m'envoie donc voir quelqu'un d'autre pour le dos. Pas un rhumatologue, cette fois, ça ne servirait à rien, je n'ai pas d'arthrite. Un docteur en « physical medecine ». Jamais entendu parler de cette discipline. D'après le peu de recherches que je viens de faire, ça se rapproche quand même sacrément de la physiothérapie et de toutes ces disciplines liées à la « réhabilitation » après accident, etc. Mais au moins c'est autre chose. Il va falloir déterminer quoi exactement. Mais c'est encourageant (si ce sont de vrais médecins, ça me rassurera quand même un peu plus que ces physiothérapeutes qui n'ont quand même pas le même type de formation et dont certains font peur, quand même). Il faut donc que j'attende maintenant un appel téléphonique du médecin en question.

À la différence de la dernière fois, le match de foot est cette fois bien passé, en dépit de toute la tension. C'était de la tension « positive », normale, presque normale (je suis encore trop « conscient » de tout cela). Regardé à trois avec le père de C. Agréable. Bon souvenir. Le père de C. est drôle, on s'amuse bien. Lui aussi s'inquiète pour sa santé, mais il a de biens meilleures raisons (en tout cas bien plus objectives) que moi, évidemment.

Retour à la maison hier et fin de soirée plus ou moins tranquille. Assez gros mal de dos avant le souper, mais ça s'est calmé avec un... calmant et deux pilules de paracétamol. Se pourrait-il que j'arrive tout doucement à retrouver les mécanismes de contrôle normaux que j'utilisais au cours des dernières années ? Mouais... si seulement je pouvais enlever le « calmant » de la phrase qui précède.

Toute cette extrême faiblesse physique m'inquiète encore aussi, cependant. Cela fait plusieurs semaines maintenant, il me semble, que je n'ai pas réussi à faire de vraie petite promenade sportive digne de ce nom sans conséquences désastreuses par après. Il faut absolument lever cet obstacle.

On arrive tout doucement aux quatre semaines de C à 40 mg. Les prochains temps risquent donc d'être décisifs pour savoir ce qu'il en est vraiment de ma capacité de gérer cette anxiété chronique. Ce serait bien si on arrivait à une solution acceptable avant la fin du mois de juillet. En attendant, il faut continuer à essayer de faire semblant de croire que tout va bien et que ces petites pilules rondes et oranges avec chaque repas n'existent pas.

C - Days 38 & 39 C - Days 42 & 43

© 2000 Pierre Igot

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