Soudain l'erreur
De tous ces jours blancs paraît claire
Un tour de peur
Et l'art du temps n'est plus de plaire
L'art du temps est de torturer l'air
De découper l'espace en plis de chair
Il est de dessécher les façades
Et d'aider les nerfs à déchirer les râles
C'est l'harmonie enfin livrée aux mains d'un fou
La dissonance enfin libérée et vicieuse
Le chant perdu d'un saint qui pleure
D'être pur aux seins d'une gueuse
Il ne s'apprend qu'au prix de sortie
D'un cirque aux tremplins vivants
Ce que je dis ne l'atteint qu'en cri
De vrais mots épars et de sang
Il fouille dans les tripes pleines
Et en sort les défauts de l'aine
Il prend le cul de ceux qui peinent
Et s'effile pour qu'on l'enchaîne
Je n'ai l'art du temps que quand il efface
Les seuls liens qui pourraient me suivre
C'est la survie au mieux servile
D'un mal nu sans sort à maudire
Mal si violé par la souffrance
Qu'on plaint le chant qui les distingue
Souffrance si pleine du mal
Que l'innocence inutile s'y saigne
L'art du temps c'est d'attendre autant
Pour enfler si peu
D'éviter aux jours qu'on s'en passe
Aux instants de feu
Il en va de l'esprit d'une espèce en peine
© 2000 Pierre Igot